Par Andrew K.P. Leung (Stratège international et indépendant pour la Chine. Président et PDG, Andrew Leung International Consultants and Investments Limited)

    Andrew-K.P.Leung_Lors d’un séminaire du CSIS (Center for Strategic and International Studies) basé à Washington D.C., diffusé sur YouTube le 28 octobre, Jude Blanchette, président de Freeman, et Andrew Polk, cofondateur et responsable de la recherche économique chez Trivium China, ont disséqué le nouveau cadre politique du président Xi pour faire de la Chine une « nation socialiste moderne » d’ici 2035, notamment le nouveau concept de développement, la stratégie de double circulation, la prospérité commune et le 14e plan quinquennal.

    Il s’agit d’une analyse détaillée et perspicace du 19e plénum du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), qui se tiendra du 8 au 11 novembre.

    En ce qui concerne l’accent qui sera probablement mis sur l’histoire du Parti lors de ce plénum, l’éditorial du 4 novembre de The Economist déclare à juste titre que « pour tirer des leçons du passé, il faut l’étudier sans passion », bien que son contenu s’emploie à accuser le président Xi de vouloir « falsifier l’histoire« .

    Selon le South China Morning Post du 7 novembre, « Xi pourrait éviter de modifier ou de remettre en question les points de vue du passé sur l’histoire du parti et mettre plutôt l’accent sur ses réalisations ». Le Plénum porte autant sur le passé du PCC que sur son avenir sous sa direction.

    Les conclusions du CSIS sont que le président Xi n’est PAS Mao 2.0 mais l’architecte de la RPC 3.0 (Mao/Deng/Xi), réalisant le rêve chinois et les deux objectifs du centenaire – (a) devenir une société modérément aisée (xiaokang) d’ici 2021, date du centenaire de la fondation du PCC ; et (b) devenir un « pays socialiste fort, démocratique, civilisé, harmonieux et moderne » d’ici 2049, date du centenaire de la fondation de la RPC.

    Tous les signes montrent que Xi est fermement aux commandes, malgré les rumeurs d’opposition locale. Son troisième mandat semble assuré.

    Des politiques qui changent déjà la donne émergent, notamment le désendettement de l’immobilier, une taxe foncière imminente, la réduction des objectifs de croissance et l’éloignement des capitaux des mastodontes monopolistiques des plateformes.

    Une réforme fiscale et budgétaire, une nouvelle architecture de gouvernance des données, des politiques plus agressives pour relever les défis environnementaux, l’ouverture éventuelle d’autres secteurs, voire une certaine « nationalisation », sont à l’ordre du jour.

    Il y a fort à parier que la Chine sera en mesure de surmonter le piège des revenus moyens grâce à une technologie et une innovation généralisées.

    Face à des défis herculéens, tant intérieurs qu’extérieurs, la trajectoire de la Chine n’est pas simple et le résultat final n’est pas coulé dans le béton. Un succès partiel, ou un mélange des deux, n’est pas à exclure.

    Par exemple, la concurrence intense et les exigences d’une culture de travail « 996 » (de 9 heures à 21 heures, 6 jours par semaine) ont engendré une attitude « passive » de type « tang ping » (« couché à plat ») parmi la génération Z de Chine.

    Toutefois, ce terme est quelque peu trompeur. La grande majorité des jeunes Chinois ont un esprit positif et veulent s’efforcer de construire un avenir meilleur pour eux-mêmes, leur famille et leur pays. Nombre d’entre eux souhaitent simplement mieux prendre en charge leur propre vie, poursuivre ce pour quoi ils sont doués et réaliser leurs rêves personnels, y compris le volontariat, comme le montre cette vidéo. Cela est de bon augure pour une société plus diversifiée et plus inclusive.

    Enfin, pour surmonter les défis à venir, il est peu probable que la Chine envahisse Taïwan, à moins d’être provoquée et acculée dans un coin, car un geste aussi radical pourrait facilement signifier que la trajectoire de développement de la Chine est compromise.

    Lors de son témoignage devant le Congrès le 3 novembre 2021, le général Mark Milley, président des chefs d’état-major interarmées, a répété son témoignage de juin 2021 selon lequel la Chine n’a pas la capacité totale (ou la confiance absolue) de s’imposer à Taïwan par la force avant 2027. Il pense que l’Armée populaire de libération (APL) n’a pas l’intention à court terme d’envahir l’île, ajoutant toutefois une mise en garde: l’inattendu peut toujours arriver!

    Auteur: Andrew K.P. Leung (Stratège international et indépendant pour la Chine. Président et PDG, Andrew Leung International Consultants and Investments Limited)

    (Les opinions exprimées dans cet article n’appartiennent qu’à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de World Geostrategic Insights). 

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